Germaine le Mérou
Germaine, la mascotte des pêcheurs
L’histoire est racontée par Pierre Szalay, directeur du centre de plongée aux Villas Caroline. Elle date de l’époque où les habitants de Flic-en-Flac gagnaient encore leur vie en pêchant à la ligne ou à l’épervier. C’était le temps béni où les poissons étaient en abondance dans le lagon. Ce Français, qui a pris la nationalité mauricienne après avoir vécu pendant plus de 20 ans dans l’île, emmène chaque jour des amateurs d’exploration sous-marine au large de Flic-en-Flac. Ce n’est pas sa seule compétence : il travaille amoureusement le bois et sa maison-navire, avec son magnifique escalier qui mène au pont, c’est-à-dire à l’étage, témoigne de son savoir-faire. Son épouse, Elyane, plongeuse émérite, est médecin généraliste avec spécialisation en médecine de plongée. Elle est basée à la Réunion et fait le va-et-vient entre les îles-sœurs. Elle accompagne Pierre, à l’occasion, dans ses aventures océanes. Lors des compétitions de photographie sous-marine, devenues des événements annuels très médiatisés, elle accompagne les concurrents. Ces compétitions - soit dit en passant - font mieux connaître Maurice à l’étranger car les superbes photographies que les compétiteurs ramènent des grands fonds sont publiées dans des magazines internationaux.
Une incroyable amitié
Pierre, qui connaît bien les pêcheurs de la région, écoute souvent les histoires et autres anecdotes qu’ils se racontent et lui racontent. C’est ainsi qu’il apprend qu’ils ont, pour ainsi dire, une mascotte. C’est un poisson, un mérou de 1 m 20 de long qu’il ont pris en affection et qu’ils protègent des pêcheurs étrangers à la région, ceux-ci ne se doutant pas de l’incroyable relation qui s’est tissée, au fil des ans, entre ce beau spécimen de la faune marine et ces hommes rudes qui cachent, sous leur carapace corallienne, un océan de tendresse. Ils l’ont appelée Germaine, on ne sait trop pourquoi, déduisant sans doute que c’est une femelle en raison de sa grande sensibilité et la facilité avec laquelle elle se laisse approcher.
Le sauvetage
Plus d’une fois, un pêcheur, plus poussé par la nécessité que par l’instinct du prédateur, ferre le poisson et le ramène à terre. Et à chaque fois, il est remis à l’eau dès que quelqu’un de la petite communauté des pêcheurs, le reconnaît et donne l’alerte.
Mais un jour, raconte Pierre - on ne peut tout prévoir – un pêcheur de l’endroit passe par hasard sur la plage de l’hôtel La Pirogue et voit Germaine gisant sur le sable, plus mort que vif. Il alerte Pierre Daniel Pélicier, un autre grand explorateur des fonds marins. Ils accourent et mettent vite l’énorme mérou dans leur bateau qui file vers le large. Pendant tout le trajet, Daniel et Pierre le maintiennent en vie en l’aspergeant d’eau de mer. Arrivés à destination, là où les plongeurs ont l’habitude de le voir évoluer, ils plongent et descendent à 30 m de profondeur. Là, les deux hommes lui font du secourisme : dégagement des voies respiratoires, réductions de l’hernie de la vessie natatoire.
Le poisson va-t-il survivre ? Le mérou se met sur le côté. Il a l’air mal en point. Puis, petit à petit, il reprend des forces et bientôt, il disparaît de la vue de ses sauveteurs.
L’histoire aurait pu s’arrêter là car elle s’est passée il y a longtemps et Germaine n’est plus. Ce qui devait arriver arriva un beau jour - un mauvais jour plutôt. Le beau mérou fut ferré par un pêcheur, qui ne savait pas ce qu’il faisait…
Ce récit a quand même une fin de la même veine que Flipper, la série télévisée. Laissons Pierre Szalay nous faire partager les moments forts qu’il vécut sous l’eau, peu de temps après le sauvetage de Germaine.
“J’étais en plongée par 45 mètres de fond et j’avais le dos tourné quand j’ai senti que l’on me mordillait les bouts des doigts. Je me suis retourné et j’ai vu Germaine, le mérou, qui s’éloignait. C’était sa façon de me dire merci”.
Pierre BENOIT
www.lexpress.m
L’histoire est racontée par Pierre Szalay, directeur du centre de plongée aux Villas Caroline. Elle date de l’époque où les habitants de Flic-en-Flac gagnaient encore leur vie en pêchant à la ligne ou à l’épervier. C’était le temps béni où les poissons étaient en abondance dans le lagon. Ce Français, qui a pris la nationalité mauricienne après avoir vécu pendant plus de 20 ans dans l’île, emmène chaque jour des amateurs d’exploration sous-marine au large de Flic-en-Flac. Ce n’est pas sa seule compétence : il travaille amoureusement le bois et sa maison-navire, avec son magnifique escalier qui mène au pont, c’est-à-dire à l’étage, témoigne de son savoir-faire. Son épouse, Elyane, plongeuse émérite, est médecin généraliste avec spécialisation en médecine de plongée. Elle est basée à la Réunion et fait le va-et-vient entre les îles-sœurs. Elle accompagne Pierre, à l’occasion, dans ses aventures océanes. Lors des compétitions de photographie sous-marine, devenues des événements annuels très médiatisés, elle accompagne les concurrents. Ces compétitions - soit dit en passant - font mieux connaître Maurice à l’étranger car les superbes photographies que les compétiteurs ramènent des grands fonds sont publiées dans des magazines internationaux.
Une incroyable amitié
Pierre, qui connaît bien les pêcheurs de la région, écoute souvent les histoires et autres anecdotes qu’ils se racontent et lui racontent. C’est ainsi qu’il apprend qu’ils ont, pour ainsi dire, une mascotte. C’est un poisson, un mérou de 1 m 20 de long qu’il ont pris en affection et qu’ils protègent des pêcheurs étrangers à la région, ceux-ci ne se doutant pas de l’incroyable relation qui s’est tissée, au fil des ans, entre ce beau spécimen de la faune marine et ces hommes rudes qui cachent, sous leur carapace corallienne, un océan de tendresse. Ils l’ont appelée Germaine, on ne sait trop pourquoi, déduisant sans doute que c’est une femelle en raison de sa grande sensibilité et la facilité avec laquelle elle se laisse approcher.
Le sauvetage
Plus d’une fois, un pêcheur, plus poussé par la nécessité que par l’instinct du prédateur, ferre le poisson et le ramène à terre. Et à chaque fois, il est remis à l’eau dès que quelqu’un de la petite communauté des pêcheurs, le reconnaît et donne l’alerte.
Mais un jour, raconte Pierre - on ne peut tout prévoir – un pêcheur de l’endroit passe par hasard sur la plage de l’hôtel La Pirogue et voit Germaine gisant sur le sable, plus mort que vif. Il alerte Pierre Daniel Pélicier, un autre grand explorateur des fonds marins. Ils accourent et mettent vite l’énorme mérou dans leur bateau qui file vers le large. Pendant tout le trajet, Daniel et Pierre le maintiennent en vie en l’aspergeant d’eau de mer. Arrivés à destination, là où les plongeurs ont l’habitude de le voir évoluer, ils plongent et descendent à 30 m de profondeur. Là, les deux hommes lui font du secourisme : dégagement des voies respiratoires, réductions de l’hernie de la vessie natatoire.
Le poisson va-t-il survivre ? Le mérou se met sur le côté. Il a l’air mal en point. Puis, petit à petit, il reprend des forces et bientôt, il disparaît de la vue de ses sauveteurs.
L’histoire aurait pu s’arrêter là car elle s’est passée il y a longtemps et Germaine n’est plus. Ce qui devait arriver arriva un beau jour - un mauvais jour plutôt. Le beau mérou fut ferré par un pêcheur, qui ne savait pas ce qu’il faisait…
Ce récit a quand même une fin de la même veine que Flipper, la série télévisée. Laissons Pierre Szalay nous faire partager les moments forts qu’il vécut sous l’eau, peu de temps après le sauvetage de Germaine.
“J’étais en plongée par 45 mètres de fond et j’avais le dos tourné quand j’ai senti que l’on me mordillait les bouts des doigts. Je me suis retourné et j’ai vu Germaine, le mérou, qui s’éloignait. C’était sa façon de me dire merci”.
Pierre BENOIT
www.lexpress.m