La biodiversité marine
10 questions-réponses pour mieux comprendre la biodiversité marine
Accueillie simultanément sur les cinq continents, la Journée mondiale de la biodiversité a pour objectif de sensibiliser le grand public à la biodiversité terrestre et marine. L'Ifremer s'associe à cette journée qui, cette année, pose la question de l'impact du changement climatique sur la biodiversité.
Combien d'espèces connaît-on aujourd'hui dans le Monde ?
La biodiversité englobe toutes les espèces animales et végétales vivantes. Selon les estimations, la biosphère abriterait entre 5 et 30 millions d'espèces. Environ 1,7 million d'espèces animales sont répertoriées, dont 240 000 espèces marines découvertes et décrites à ce jour. Chaque année, environ 1600 nouvelles espèces marines sont identifiées.
La moitié de la biodiversité européenne est issue du milieu marin.
Quelles sont les particularités de la biodiversité marine ?
Les écosystèmes marins fonctionnent de façon totalement différente de ceux du milieu terrestre. Les fonds abyssaux, où règne l'obscurité, présentent des caractéristiques environnementales extrêmes. Par exemple, autour des sources hydrothermales, les températures sont très élevées (jusqu'à 400 degrés !) et les pressions très fortes (de 100 à 500 bars...). La compréhension du fonctionnement de ces écosystèmes et du maintien de la biodiversité associée en fait un modèle d'étude tout à fait original.
Les océans sont également le dernier réceptacle des déchets issus des activités humaines. La biodiversité marine subit notamment les impacts des effluents d'origine domestique, agricole et industrielle, moins bien maîtrisés qu'en milieu terrestre.
Qu'est-ce qu'un "hot spot" ou "point chaud" en biodiversité ?
Un "hot spot" (ou "point chaud") est une région terrestre et/ou marine, dont la richesse en espèces endémiques (spécifiques à une zone) est exceptionnelle, mais fortement menacée. On compte aujourd'hui 34 zones géographiques de ce type, représentatives de la biodiversité et situées pour la plupart sur des îles.
Pour visualiser une carte des "points chauds" : www.conservation.org
Que sait-on de la biodiversité des grands fonds abyssaux ?
Les abysses constituent le plus grand écosystème de la planète, mais aussi l'un des plus mystérieux. Le domaine abyssal couvre presque les deux tiers de la surface du globe (307 millions de km2). Il commence au talus continental (- 400 m) et représente, en volume, 62% de la biosphère. C'est sans nul doute, avec les forêts tropicales, le plus grand écosystème de la planète. Mais il reste quasiment terra incognita, car il est difficile d'y pénétrer et d'y travailler. Ainsi estime-t-on la surface des grands fonds explorés à ce jour équivalente seulement à celle de Paris intra muros ! Depuis les années 70, on sait que ce milieu, très diversifié géologiquement, est pauvre en biomasse (quelques grammes de matière organique par m2), mais présente une très grande biodiversité. Des chercheurs américains, qui ont étudié la pente continentale nord-ouest atlantique entre 1500 et 2500 m, ont estimé par extrapolation que le domaine profond serait peuplé d'environ 10 millions d'espèces.
Pour en savoir plus : www.ifremer.fr/exploration/
Pourquoi la biodiversité diminue-t-elle ?
Les causes d'une diminution de la biodiversité marine sont principalement la disparition et la dégradation des milieux naturels : pollution et pression humaine grandissante sur les habitats côtiers, surexploitation des espèces et des ressources naturelles, introduction d'espèces exotiques et impact des changements globaux, comme le réchauffement climatique.
Quel est l'impact du changement climatique sur la biodiversité marine ?
Le réchauffement climatique constitue un des facteurs de diminution de la biodiversité, en modifiant entre autres les aires de répartition des espèces marines. Par exemple, le réchauffement des eaux du golfe de Gascogne (+1.5°C en 25 ans) entraîne une réorganisation de sa biodiversité. On observe, au-delà d'une transformation des habitats, une évolution de la répartition des espèces exploitées : des migrations vers le nord de spécimens de régions plus chaudes ; des modifications d'abondance de populations, avec des espèces d'affinité méridionale qui prennent le pas sur des espèces septentrionales. L'huître creuse Crassostrea gigas, traditionnellement limitée au sud de la Loire depuis son introduction dans les années 70, a colonisé les côtes bretonnes et normandes. De même, le bar est maintenant présent sur les côtes de Bretagne nord. Dans d'autres pays, des migrations de parasites et pathogènes sont observées. Ces mouvements entraînent des répercussions sur la pêche et la conchyliculture, mais également sur les autres usages de la zone côtière, comme le tourisme.
Existe-il des méthodes pour suivre cette évolution ?
Acquérir des informations dans le milieu marin est beaucoup plus difficile techniquement que sur terre. Afin d'étudier l'évolution dans le temps et dans l'espace de la biodiversité, des observatoires sont progressivement mis en place.
Pour le benthos (ensemble des organismes vivant en relation étroite avec les fonds subaquatiques), le réseau Rebent a été créé, en Bretagne dans un premier temps, afin d'établir un état des lieux des écosystèmes benthiques côtiers (faune et flore), et d'assurer une veille pour détecter les évolutions. Dans les Pertuis charentais, un observatoire des écosystèmes a été mis en place par l'Ifremer, le CNRS et des partenaires universitaires. Il a déjà permis la mise en évidence de l'introduction au cours des deux derniers siècles de 42 nouvelles espèces dans cette zone.
Ces réseaux font appel à différentes techniques : images satellitaires et aéroportées, imagerie acoustique, prélèvements, surveillance, cartographie et bancarisation des données... Avec le soutien de la Fondation Total pour la Biodiversité, les scientifiques de l'Ifremer développent actuellement une nouvelle embarcation transportable. Equipée d'outils acoustiques spécifiques, elle étudiera les fonds dans une zone jusqu'alors peu accessible aux engins existants (0-15 m). Les scientifiques pourront ainsi cartographier et constituer des états de référence.
Dans le domaine profond, des observatoires "fond de mer" sont mis en oeuvre. Grâce à d'importants développements technologiques, les scientifiques peuvent ainsi déposer jusqu'à 3000 mètres de profondeur des instruments qui vont collecter des données (sismicité, température des fluides...) qui aideront à comprendre les écosystèmes et leur évolution.
Comment prévenir la baisse de la biodiversité marine ?
La protection d'environnements marins exceptionnels tels que les fonds abyssaux fait l'objet de débats, notamment dans le cadre de la Convention de Rio sur la biodiversité, actuellement en cours de renégociation. Elle est le premier accord mondial à prendre en compte tous les aspects de la diversité biologique : ressources génétiques, espèces et écosystèmes. Cette convention, signée en 1992 par 150 Etats, vise trois objectifs : la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ces éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation de ces ressources génétiques.
Cet encadrement est d'autant plus essentiel pour le milieu marin que, du fait de l'opacité de l'océan, nous avons peu d'informations sur la dégradation du monde marin. Le développement de la recherche dans ce domaine est donc particulièrement important.
Il participe à l'approche de prévention et de conservation. Aujourd'hui, moins de un millième des surfaces des habitats marins fait l'objet d'un plan de gestion sous développement durable, et le déploiement d'un réseau mondial d'aires marines protégées en est encore au stade embryonnaire. La gestion des ressources naturelles comme les pêcheries selon une approche écosystémique, pour atteindre des équilibres durables, constitue aussi un objectif à terme.
Comment les scientifiques s'organisent-ils au niveau mondial ?
Une grande consultation internationale a été mise en place en vue de la création d'un "mécanisme international d'expertise scientifique sur la biodiversité" (IMoSEB) au service de la décision publique et privée. L'Institut Français de la Biodiversité assure le secrétariat exécutif de ce processus.
Actuellement, il n'existe pas d'instance équivalente au Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) dans le domaine de la biodiversité.
En parallèle, des réseaux scientifiques se créent à l'échelle mondiale. En 2003, une cinquantaine de pays et d'agences spécialisées de l'ONU ont lancé le programme Census of Marine Life (CoML). Rassemblant plus de 300 chercheurs, il concerne l'ensemble du milieu marin, avec pour objectif l'évaluation de la biosphère océanique et la modélisation de son évolution.
Pour en savoir plus :
- www.imoseb.net/fr/
- www.gis-ifb.org/
- www.coml.org/
A quoi sert la Journée Mondiale de la Biodiversité ?
En décembre 2000, l'Assemblée Générale des Nations Unies a déclaré le 22 mai Journée Mondiale de la Biodiversité, afin de commémorer l'adoption de la Convention sur la Biodiversité le 22 mai 1992.
Cette Journée a pour objectif de sensibiliser le grand public aux questions posées par la biodiversité. Sur les cinq continents, des manifestations sont organisées.
Contact
Anne Faye - 01 46 48 22 40
Marion Le Foll - 01 46 48 22 42
Source: IFREMER
Accueillie simultanément sur les cinq continents, la Journée mondiale de la biodiversité a pour objectif de sensibiliser le grand public à la biodiversité terrestre et marine. L'Ifremer s'associe à cette journée qui, cette année, pose la question de l'impact du changement climatique sur la biodiversité.
Combien d'espèces connaît-on aujourd'hui dans le Monde ?
La biodiversité englobe toutes les espèces animales et végétales vivantes. Selon les estimations, la biosphère abriterait entre 5 et 30 millions d'espèces. Environ 1,7 million d'espèces animales sont répertoriées, dont 240 000 espèces marines découvertes et décrites à ce jour. Chaque année, environ 1600 nouvelles espèces marines sont identifiées.
La moitié de la biodiversité européenne est issue du milieu marin.
Quelles sont les particularités de la biodiversité marine ?
Les écosystèmes marins fonctionnent de façon totalement différente de ceux du milieu terrestre. Les fonds abyssaux, où règne l'obscurité, présentent des caractéristiques environnementales extrêmes. Par exemple, autour des sources hydrothermales, les températures sont très élevées (jusqu'à 400 degrés !) et les pressions très fortes (de 100 à 500 bars...). La compréhension du fonctionnement de ces écosystèmes et du maintien de la biodiversité associée en fait un modèle d'étude tout à fait original.
Les océans sont également le dernier réceptacle des déchets issus des activités humaines. La biodiversité marine subit notamment les impacts des effluents d'origine domestique, agricole et industrielle, moins bien maîtrisés qu'en milieu terrestre.
Qu'est-ce qu'un "hot spot" ou "point chaud" en biodiversité ?
Un "hot spot" (ou "point chaud") est une région terrestre et/ou marine, dont la richesse en espèces endémiques (spécifiques à une zone) est exceptionnelle, mais fortement menacée. On compte aujourd'hui 34 zones géographiques de ce type, représentatives de la biodiversité et situées pour la plupart sur des îles.
Pour visualiser une carte des "points chauds" : www.conservation.org
Que sait-on de la biodiversité des grands fonds abyssaux ?
Les abysses constituent le plus grand écosystème de la planète, mais aussi l'un des plus mystérieux. Le domaine abyssal couvre presque les deux tiers de la surface du globe (307 millions de km2). Il commence au talus continental (- 400 m) et représente, en volume, 62% de la biosphère. C'est sans nul doute, avec les forêts tropicales, le plus grand écosystème de la planète. Mais il reste quasiment terra incognita, car il est difficile d'y pénétrer et d'y travailler. Ainsi estime-t-on la surface des grands fonds explorés à ce jour équivalente seulement à celle de Paris intra muros ! Depuis les années 70, on sait que ce milieu, très diversifié géologiquement, est pauvre en biomasse (quelques grammes de matière organique par m2), mais présente une très grande biodiversité. Des chercheurs américains, qui ont étudié la pente continentale nord-ouest atlantique entre 1500 et 2500 m, ont estimé par extrapolation que le domaine profond serait peuplé d'environ 10 millions d'espèces.
Pour en savoir plus : www.ifremer.fr/exploration/
Pourquoi la biodiversité diminue-t-elle ?
Les causes d'une diminution de la biodiversité marine sont principalement la disparition et la dégradation des milieux naturels : pollution et pression humaine grandissante sur les habitats côtiers, surexploitation des espèces et des ressources naturelles, introduction d'espèces exotiques et impact des changements globaux, comme le réchauffement climatique.
Quel est l'impact du changement climatique sur la biodiversité marine ?
Le réchauffement climatique constitue un des facteurs de diminution de la biodiversité, en modifiant entre autres les aires de répartition des espèces marines. Par exemple, le réchauffement des eaux du golfe de Gascogne (+1.5°C en 25 ans) entraîne une réorganisation de sa biodiversité. On observe, au-delà d'une transformation des habitats, une évolution de la répartition des espèces exploitées : des migrations vers le nord de spécimens de régions plus chaudes ; des modifications d'abondance de populations, avec des espèces d'affinité méridionale qui prennent le pas sur des espèces septentrionales. L'huître creuse Crassostrea gigas, traditionnellement limitée au sud de la Loire depuis son introduction dans les années 70, a colonisé les côtes bretonnes et normandes. De même, le bar est maintenant présent sur les côtes de Bretagne nord. Dans d'autres pays, des migrations de parasites et pathogènes sont observées. Ces mouvements entraînent des répercussions sur la pêche et la conchyliculture, mais également sur les autres usages de la zone côtière, comme le tourisme.
Existe-il des méthodes pour suivre cette évolution ?
Acquérir des informations dans le milieu marin est beaucoup plus difficile techniquement que sur terre. Afin d'étudier l'évolution dans le temps et dans l'espace de la biodiversité, des observatoires sont progressivement mis en place.
Pour le benthos (ensemble des organismes vivant en relation étroite avec les fonds subaquatiques), le réseau Rebent a été créé, en Bretagne dans un premier temps, afin d'établir un état des lieux des écosystèmes benthiques côtiers (faune et flore), et d'assurer une veille pour détecter les évolutions. Dans les Pertuis charentais, un observatoire des écosystèmes a été mis en place par l'Ifremer, le CNRS et des partenaires universitaires. Il a déjà permis la mise en évidence de l'introduction au cours des deux derniers siècles de 42 nouvelles espèces dans cette zone.
Ces réseaux font appel à différentes techniques : images satellitaires et aéroportées, imagerie acoustique, prélèvements, surveillance, cartographie et bancarisation des données... Avec le soutien de la Fondation Total pour la Biodiversité, les scientifiques de l'Ifremer développent actuellement une nouvelle embarcation transportable. Equipée d'outils acoustiques spécifiques, elle étudiera les fonds dans une zone jusqu'alors peu accessible aux engins existants (0-15 m). Les scientifiques pourront ainsi cartographier et constituer des états de référence.
Dans le domaine profond, des observatoires "fond de mer" sont mis en oeuvre. Grâce à d'importants développements technologiques, les scientifiques peuvent ainsi déposer jusqu'à 3000 mètres de profondeur des instruments qui vont collecter des données (sismicité, température des fluides...) qui aideront à comprendre les écosystèmes et leur évolution.
Comment prévenir la baisse de la biodiversité marine ?
La protection d'environnements marins exceptionnels tels que les fonds abyssaux fait l'objet de débats, notamment dans le cadre de la Convention de Rio sur la biodiversité, actuellement en cours de renégociation. Elle est le premier accord mondial à prendre en compte tous les aspects de la diversité biologique : ressources génétiques, espèces et écosystèmes. Cette convention, signée en 1992 par 150 Etats, vise trois objectifs : la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ces éléments et le partage juste et équitable des avantages découlant de l'exploitation de ces ressources génétiques.
Cet encadrement est d'autant plus essentiel pour le milieu marin que, du fait de l'opacité de l'océan, nous avons peu d'informations sur la dégradation du monde marin. Le développement de la recherche dans ce domaine est donc particulièrement important.
Il participe à l'approche de prévention et de conservation. Aujourd'hui, moins de un millième des surfaces des habitats marins fait l'objet d'un plan de gestion sous développement durable, et le déploiement d'un réseau mondial d'aires marines protégées en est encore au stade embryonnaire. La gestion des ressources naturelles comme les pêcheries selon une approche écosystémique, pour atteindre des équilibres durables, constitue aussi un objectif à terme.
Comment les scientifiques s'organisent-ils au niveau mondial ?
Une grande consultation internationale a été mise en place en vue de la création d'un "mécanisme international d'expertise scientifique sur la biodiversité" (IMoSEB) au service de la décision publique et privée. L'Institut Français de la Biodiversité assure le secrétariat exécutif de ce processus.
Actuellement, il n'existe pas d'instance équivalente au Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) dans le domaine de la biodiversité.
En parallèle, des réseaux scientifiques se créent à l'échelle mondiale. En 2003, une cinquantaine de pays et d'agences spécialisées de l'ONU ont lancé le programme Census of Marine Life (CoML). Rassemblant plus de 300 chercheurs, il concerne l'ensemble du milieu marin, avec pour objectif l'évaluation de la biosphère océanique et la modélisation de son évolution.
Pour en savoir plus :
- www.imoseb.net/fr/
- www.gis-ifb.org/
- www.coml.org/
A quoi sert la Journée Mondiale de la Biodiversité ?
En décembre 2000, l'Assemblée Générale des Nations Unies a déclaré le 22 mai Journée Mondiale de la Biodiversité, afin de commémorer l'adoption de la Convention sur la Biodiversité le 22 mai 1992.
Cette Journée a pour objectif de sensibiliser le grand public aux questions posées par la biodiversité. Sur les cinq continents, des manifestations sont organisées.
Contact
Anne Faye - 01 46 48 22 40
Marion Le Foll - 01 46 48 22 42
Source: IFREMER
