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Je suis à Kiritimati, le plus grand atoll du monde et peut-être le plus ancien, coincé entre lagon et océan. L’horizon est partout. Cette ancienne île Christmas, appartient à la république des Kiribati (33 îles réparties entre îles Gilbert, îles Phoenix et îles de la Ligne) dont la capitale est Tarawa-Sud dans l’archipel des îles Gilbert, à 3300 km d’ici (4 heures de vol)... Dive now !
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Jean Vacelet dit « Janus » ou Mister éponge

jean vacelet océanographe biologisteHenri Eskenazi a interviewé Jean Vacelet, dit « Janus » ou Mister éponge... Jean a passé la majeure partie de sa carrière en tant que biologiste sous-marin et chercheur au sein du CNRS à la Station Marine d’Endoume à Marseille. Plus de 40 années d'étude et de recherche sur le milieu sous-marin et plus particulièrement l’étude des éponges...

Henri Eskenazi :

Jean, qui es-tu ? Quel est ton cursus scientifique ?

Jean Vacelet :
Après une licence de sciences naturelles à Marseille, j’ai suivi une spécialisation en Océanographie Biologique, qui venait juste de s’ouvrir à la Station Marine d’Endoume en 1955, avec le Professeur Jean-Marie Pérès. J’avais plutôt une passion pour les insectes, mais un stage de plongée à Saint-Florent, organisé par un enseignant de la Faculté, Roger Molinier et la création de cet enseignement très nouveau en Biologie Marine ont changé mon orientation. Dès mon doctorat de 3e cycle d'océanographie biologique passé en 1958, je me suis spécialisé dans l’étude des éponges sous la direction du Professeur Claude Lévi. Je les ai surtout recherchées dans les grottocéanographe biologiste sous marines sous-marines, un milieu alors totalement inexploré, qui venait d’être rendu accessible par le scaphandre autonome, et dans lequel je me suis risqué avec mon ami Jacques Laborel. Toute ma carrière, de 1958 à 2001, s’est faite en tant que chercheur au CNRS, et toujours dans le même laboratoire, la Station Marine d’Endoume à Marseille. Maintenant à la retraite, je bénéficie de l’Eméritat, qui permet de poursuivre mes travaux dans ce laboratoire (avec moins de corvées administratives). Mes domaines d'activité ont été essentiellement l’étude des éponges (ou Spongiaires), envisagées sous des aspects très divers : classification, description d’espèces nouvelles, étude des tissus, de la reproduction, des symbioses avec des micro-organismes, relations avec des formes fossiles. Les grottes sous-marines, qui présentent de remarquables points communs avec les milieux profonds, ont permis plusieurs découvertes passionnantes. En particulier, j’ai pu montrer avec ma collègue Nicole Boury-Esnault, grâce à une éponge normalement trouvée dans les grands fonds mais ayant réussi à coloniser une grotte à une vingtaine de mètres de profondeur à La Ciotat (grotte dite des 3PP), que tout un groupe d’éponges profondes, au lieu de se nourrir par filtration comme font toutes les éponges « normales », était devenu carnivore. Dans les mers tropicales, les grottes ont aussi servi de refuge à des éponges calcifiées un peu semblables à des coraux, reliques de groupes fossiles constructeurs de récifs dans les temps géologiques. La zone principale de recherche a été la Méditerranée, mais de nombreuses missions, campagnes océanographiques, séjours en habitat sous-marins, m’ont conduit dans bien d’autres océans.

Henri Eskenazi :
Peux-tu nous dire quelques mots sur les éponges ?

Jean Vacelet :
Les éponges sont des animaux passionnants car il semble bien que ce soit les plus anciens animaux pluricellulaires, apparus par association et spécialisation d’organismes unicellulaires, et ayant conservés l’organisation très simple qu’elles avaient il y a des centaines de millions d’années. Tout leur corps est organisé pour faire circuler et filtrer de grandes quantités d’eau, dont elles tirent l’oxygène et leur nourriture, qui consiste en minuscules particules, bactéries et autres microbes. Les éponges sont très variées : près de 9000 espèces différentes ont été décrites actuellement dans les océans ou aussi dans les eaux douces, et on en décrit encore un grand nombre chaque année. Parmi les animaux marins, les éponges montrent la plus grande richesse en molécules chimiques dites « bioactives », pouvant être source de médicaments. Ainsi, de nombreux laboratoires essaient d’exploiter ces potentialités.

Henri Eskenazi :
Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

Jean Vacelet :
En ce moment, mon travail principal porte sur la deschercheur oceanographe sous-marincription d’éponges carnivores, les Cladorhizidae, de l’océan profond. Depuis qu’on a découvert qu’elles étaient carnivores, il y a eu un grand intérêt pour ces éponges qui vivent le plus souvent à plusieurs milliers de mètres de profondeur. On s’est aperçu qu’elles étaient beaucoup plus diverses que ce que l’on croyait, et pratiquement toutes celles que l’on récolte, à grand peine, dans les abysses se révèlent être des espèces non décrites. Les mécanismes de la digestion, très originaux chez ces animaux macrophages mais dépourvus de cavité digestive, sont aussi en cours d’étude sur l’éponge carnivore de la grotte des 3 PP.

Henri Eskenazi :
Peux-tu nous confier une anecdote personnelle ?

Jean Vacelet :
Un bon souvenir de biologiste marin. Au cours d’une expédition océanographique dans l’Océan Indien, lors d’une plongée sur les récifs coralliens des Iles Glorieuses, je retournais des tables de coraux morts pour recueillir les animaux qui se trouvaient dessous. Mais, contrairement au binôme qui m’accompagnait, j’étais plus attentif aux quelques requins, de 2 ou 3 m seulement, qui semblaient s’intéresser à notre activité. C’est mon collègue, qui cherchait surtout les mollusques sans trop s’occuper de nos spectateurs, qui m’a fait remarquer quelques drôles d’organismes fixés sous une des tables de coraux. Je les ai récoltés sans quitter les requins des yeux. Ce n’est que quelques semaines plus tard, de retour au laboratoire, que j’ai regardé ce qu’était cette récolte, et si c’étaient bien des éponges. Un gros coup au cœur : c’était des Sphinctozoaires, des organismes connus seulement à l’état fossile, disparus en même temps que les dinosaures il y a 65 millions d’années, et dont la nature était très discutée par les géologues : algues, foraminifères, éponges et encore bien d’autres hypothèses. C’était un « fossile vivant », en quelque sorte l’équivalent du Coelacanthe des éponges, car c’était bien une éponge. J’avais participé aux discussions sur la nature des Sphinctozoaires, et en trouver une vivante était un vieux rêve que j’avais failli manquer à cause de petits requins.
 

Interview & Photos: Henri Eskenazi
www.henrieskenazi.com

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