voyage plongée KiritimatiVoyage plongée Kiritimati

Je suis à Kiritimati, le plus grand atoll du monde et peut-être le plus ancien, coincé entre lagon et océan. L’horizon est partout. Cette ancienne île Christmas, appartient à la république des Kiribati (33 îles réparties entre îles Gilbert, îles Phoenix et îles de la Ligne) dont la capitale est Tarawa-Sud dans l’archipel des îles Gilbert, à 3300 km d’ici (4 heures de vol)... Dive now !
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Plongée en Caroline du Nord

Le Cimetière de l'Atantique... en cet humide jour de mai, de gros nuages couleur d’huître, roulent, coléreux, vers le large. Du haut de la dune ébouriffée par les rafales du nord-est, j’envisage au loin non pas un océan agité, mais bel et bien deux masses d’eau qui s’affrontent en spectaculaires gerbes d’écume et lames audacieuses. C’est au large du Cap Hatteras que le chaleureux Gulf Stream, natif bienveillant de la mer des Caraïbes rencontre le frigorifiant courant du Labrador, fils prodigue de glaçons groenlandais. Cette rencontre titanesque pour agréable qu’elle soit à l’œil, l’est beaucoup moins pour la navigation...

Fruits de cette union contre nature, les Diamond Shoals, hauts-fonds à l’humeur instable et qui ne savent pas rester en place. Nombreux sont les capitaines et marins à avoir abordé cette côte de Caroline du Nord la sueur au front et les mâchoires serrées, nombreux aussi ceux à n’avoir jamais pu regagner la terre ferme : Perfides bancs de sable, courants imprévisibles, tempêtes saisonnières, coups de vents meurtriers et brouillard sournois en hiver, extravagants ouragans en été, et j’allais oublier pirates, flibustiers et autres torpilleurs sans vergogne qui ont eux aussi pris leur part à l’extraordinaire jeu de massacre. Depuis le XVI siècle, plus de 2000 navires ont sombré corps et biens le long des Outer Banks, ce chapelet d’îles squelettiques qui protège bon an mal an la Caroline des courroux de l’Océan. La densité d’épaves au km2 n’a pas d’égal dans le monde. Bienvenue au cimetière de l’Atlantique.


 
Un gisement d’épaves dans une eau claire et chaude

Le lendemain, un soleil généreux a transformé les longues plages de sable blond, la veille encore, décor dantesque de tragédies, en vivifiante aire de jeu et de détente pour pêcheurs au lancer, surfeurs élancés et familles de baigneurs ventripotents. Magie de la météo. Parmi l’hécatombe de vaisseaux disparus, nombre d’entre eux, coulés ou échoués trop près des côtes ont été réduits en limaille par les éléments, certains ont été dynamités, jugés trop dangereux par la Navy, d’autres enfin se sont perdus à des profondeurs inaccessibles au plongeur. Restent tout de même plus de 120 épaves au menu des navires de plongée. Qui dit mieux ?

Nichée non loin du Cap Lookout, la paisible ville de Morehead City, avec ses maisonnettes de bois blanc et ses pélicans bruns est le point de départ idéal pour un périple sous-marin. En effet, des trois éperons qui viennent hérisser les Outer Banks, le Cap Lookout est celui qui s’aventure le plus au large, à la rencontre du Gulf Stream. A condition d’aller suffisamment loin en mer, les plongées s’y déroulent dans une eau étonnamment claire et chaude. Un poil plus au nord, à partir du Cap Hatteras, l’influence du courant du Labrador devient prédominante et donne une touche verte et rafraîchissante à la plupart des plongées. Captain George Purifoy, heureux fondateur de l’Olympus Diving Club, promène sa cinquantaine sportive et hâlée sur le pont de l’Olympus, puissant bateau de 65 pieds. Et de la puissance, il en faut pour emmener une vingtaine de piaffants plongeurs à plus de 50 km des côtes…George nous briefe avant le départ : «Cela risque d’être encore un peu agité aujourd’hui, on va quand même essayer d’aller offshore, comptez deux heures de trajet !». Offshore, le mot magique qui tous à bord nous fait saliver. Il faut comprendre qu’il y a au départ de Morehead City deux groupes d’épaves sensiblement différents : Le premier se trouve à environ une heure de la côte et donc plus éloigné du Gulf Stream. Traduction immédiate : eau moins claire et plus frisquette de quelques degrés. Peu profondes, sur des fonds d’une vingtaine de mètres, les épaves, sujettes aux tempêtes et aux «ajustements» de la Navy (dynamitage ou élagage des superstructures à l’aide d’un câble) sont dans un état de fraîcheur plus discutable. Le second groupe, à deux heures de navigation, repose sur des fonds de 35-50m, et baigne dans des eaux transparentes de 20 à 25 ° C selon la saison. Autant dire que chacun à bord s’enflamme à l’idée d’aller le plus au large possible.

Des traversées parfois agitées mais des briefings de professionnel

Après une heure de houle énergique et tarabustante, il faut bien admettre que notre bel enthousiasme s’est quelque peu tempéré. L’œil fiévreux, la paupière lourde, les plus chanceux tentent de fixer l’horizon pour calmer une oreille interne en détresse, tandis que certains, allongés les bras en croix supplient qu’on veuille bien les achever. D’autres penchés au-dessus du bastingage, entament de fébriles conversations avec des poissons volants jaillissant de l’écume en de ravissants petits éclairs métalliques. Bref, chacun est à la noce, quand George surgit soudain de la cabine, la prunelle vive, le teint aussi frais qu’un thon albacore pêché le matin même. «Sorry folks, la mer est trop agitée, on va s’arrêter ici et plonger sur l’Indra. C’est un ancien bateau de maintenance de l’US Navy qui a été coulé en 1992 pour faire un récif artificiel». Personne ne songe à protester trop heureux de se mettre à l’eau et d’échapper enfin à la houle. Comme dans tant d’autres clubs, un divemaster plonge en premier afin de fixer le mouillage sur l’épave.


Seulement voilà, ici il est équipé d’un masque facial et d’un système de communication avec la surface. Si bien que Captain George est en mesure de nous préciser avant notre mise à l’eau que le mouillage est juste à côté de la chaudière, que la visibilité est de 10-12m, que l’eau est à 19°C, qu’une légère houle de fond est à signaler et qu’enfin un grand banc de bonites tourne vers l’arrière de l’épave ! Voilà ce que j’appelle un briefing de plongée ! Mais je ne suis pas encore au bout de mes surprises: Bouteilles sur le dos, détendeurs en bouche, deux matamores l’un en combinaison sèche, l’autre en shorty (véridique !) se saisissent chacun d’un fusil sous-marin plus grand qu’eux et partent sans plus attendre affronter les périls d’une chasse qui n’a plus de sportive que le nom. Quel drôle de pays que celui-ci, où l’on peut en toute légalité tirer au fusil et remonter langoustes ou flétans à volonté avec un bloc sur le dos ! Extraordinaire nation aussi que celle-ci qui place hors de toute juridiction les épaves à plus de trois milles de la côte et autorise ainsi les plongeurs à remonter impunément n’importe quel objet ou pièce d’épave !

Un détonnant cocktail d’espèces

Descendant le long du mouillage, je distingue d’abord les volutes argentées de bancs compacts de petits poissons, tant foisonnants qu’ils en masqueraient presque les sombres contours de l’épave. Enfin parvenu sur les 22 m de fond, je prends la direction opposée aux pathétiques et imposants nuages de sédiments soulevés par mes surlestés chasseurs, tant pour des raisons de visibilité que de sécurité, ayant une confiance fort relative quant à leur aptitude à distinguer une carangue de l’arrière-train d’un plongeur innocent. La houle de fond annoncée par George agite en un nauséeux ballet les thalles des algues brunes tapissant la tôle. De puissants flux d’eau jaillissent tel de furieux torrents invisibles de différents trous de l’épave, puis changeant brusquement d’avis, retournent s’engouffrer dans leur orifice d’origine, entraînant dans leur va et vient indécis quelques poissons interloqués. Le passage devant la moindre porte ou hublot devient soudain périlleuse entreprise. Je manque de me faire happer par les ténèbres tandis que mon buddy juste derrière moi, se retrouve projeté les palmes en l’air sur le fond de sable. Indifférentes à ces ridicules cascades, de vieilles connaissances rencontrées de l’autre côté de l’Atlantique font tour à tour leur apparition : Un aréopage de sars débonnaires s’égaille à mon approche, laissant à découvert une mostelle qui décide alors de rentrer précipitamment sous son abri de tôles lequel héberge déjà un poulpe grognon.

Mais l’exotisme reprend vite le dessus avec le passage d’un escadron de chirurgiens bleus, suivi d’une compagnie de platax. Des balistes gris posés nonchalamment sur le fond viennent compléter ce tableau tropical composé par le maître Gulf Stream. Sous un bout de ferraille à moitié fiché dans le sable, une tête ahurie et barbichue m’envisage avec des yeux ronds. C’est un gros poisson crapaud, aux rayons fort venimeux, digne représentant de la faune transportée par le courant du Labrador. Les plongées caroliniennes se distinguent par ce subtil cocktail de froid et de chaud, cette macédoine réussie entre faune du nord et faune du sud. Une avalanche de sédiments vient m’arracher soudain à mes songes de biodiversité. Tels deux chalutiers en perdition, mes lestes tartarins retournent à l’ancre avec chacun un flétan se tortillant au bout du harpon. Bravo Messieurs et bon vent… Profitant de l’accalmie, je finis de visiter l’Indra qui comme toutes les autres épaves de la région joue le rôle d’une oasis perdue au milieu de l’immensité de fonds désertiques. Substrat dur permettant l’établissement de différentes communautés d’invertébrés, qui à leur tour attirent divers prédateurs. Une chaîne alimentaire complète peut alors se mettre en place. J’aurai dès le lendemain l’occasion de rencontrer l’un des grands patrons de cette chaîne.

Des requins de 3m au ras du masque

Le 18 mars 1942, le Papoose, un gros tanker de plus de 100m de long, se fait ouvrir le ventre par une torpille lancée par le U-Boat U-124. Plus de soixante ans plus tard, sa coque retournée gît quille en l’air par 37m de fond. Ecoutant les conseils de George, je m’en éloigne un peu puis les deux genoux posés religieusement sur le sable coquillier, j’attends. Je n’aurai pas à patienter bien longtemps : Tel un gros Zeppelin volant au ras du fond, un volumineux requin taureau flanqué de sa cour de petits poissons argentés, vient à ma rencontre sans efforts comme poussé par une indiscernable brise. Placide, la gueule entrouverte, il me sourit de tous ses chicots acérés. Voilà enfin du requin photogénique… Et pas trouillard qui plus est ! Ah la brave bête ! Et le voilà qui refait un deuxième passage ! Je pourrais le toucher. Cinq autres femelles, tout aussi lascives et nonchalantes que la première viendront se joindre à nous, intriguée par le festival d’éclairs lumineux lancés par le flash. Je suis aux anges.


Carcharias taurus (le sand tiger shark, selon l’appellation locale) est l’une des grandes attractions de la plongée en Caroline. On trouve en effet ces requins sur une demi-douzaine d’épaves de la région et ce, sans appâter et sans feeding. Complètement inoffensifs malgré leur trogne patibulaire, ils se distinguent par leur très grande tolérance du plongeur qu’ils laissent approcher très très près.

Le Dr Schwartz, des pêcheries de Caroline du Nord, 73 ans, l’œil toujours vif et enjoué dès qu’on lui parle poisson, est l’un des grands spécialistes de ce requin : «C’est une bestiole qui fait quand même 2.5 à 3m pour un poids d’environ 120 kg. Tout au long de l’année, ils restent autour de certaines épaves en groupes plus ou moins soudés de 6 à 10, constitués uniquement d’animaux du même sexe. Vers février, après une gestation de 9 à 10 mois, la femelle donne naissance à 2 petits, qui se sont chacun adonnés aux joies du cannibalisme intra-utérin (il y a deux utérus). Mais vous savez, il y 36 autres espèces de requins en Caroline du Nord, certains venant du nord, comme le pèlerin, le requin du Groenland ou le grand blanc, tous présents entre novembre et mars, d’autres apportés par le Gulf Stream, comme le marteau (Sphyrna lewini), le requin pointe noire (Carcharhinus limbatus), ou encore le requin bouledogue (Carcharhinus leucas) et qui ne sont là que l’été. Ce sont d’ailleurs ces deux derniers qui sont responsables de la plupart des accidents dans la région. Je peux vous le dire car cela fait des années que l’on fait appel à moi pour l’expertise des blessés ou des cadavres !». Renseignement pris auprès du brave Docteur, il y a eu depuis 2000 une dizaine d’attaques, dont une mortelle, la plupart sur des tout petits fonds (la mortelle s’est produite sur un fond de 1,5m !), à marée descendante et sur des personnes qui portaient des maillots de bain de couleurs flashy !

Bob Purifoy, le fils de George, plonge dans les eaux de la Caroline depuis sa tendre enfance. Il me confirme comme le Dr Schwartz que le nombre de requins ne baisse plus depuis quelques années, et qu’il en voit bien plus aujourd’hui en plongée. «Le finning est interdit aux USA depuis 5 ans environ : Les pêcheurs ne peuvent plus ramener les ailerons seuls. De plus la pêche à la palangre n’est aujourd’hui autorisée que sur des fonds supérieurs à 100m. Ici, cela signifie que les palangriers sont obligés de s’éloigner à plus de 60 miles des côtes. Toutes ces mesures ont été providentielles pour la plupart des requins et ils se rapprochent des terres.»


Plongée dans le passé sur un sous-marin à croix gammée

Bob m’emmène ce matin sur son épave préférée, sans doute l’épave phare de toute la Caroline, pour laquelle des plongeurs canadiens sont prêts à faire 12 heures de voiture. Le 9 mai 1942 le U-boat U-352 confond le garde-côtes Icarus avec un cargo et lui envoie une torpille de bienvenue. Mal lui en prend car la dite torpille explose prématurément, révélant la présence du sous-marin au garde-côtes qui lui retourne alors le compliment sous la forme de quelques dizaines de grenades sous-marines. Obligé de faire surface, le U-boat riposte à coup de mitrailleuse, 13 allemands au total perdront la vie. La mitrailleuse est aujourd’hui bien au sec, trônant sur le ponton devant le club. Bob et son père l’ont remontée il y a quelques années. Tous deux connaissent personnellement plusieurs membres de l’équipage allemand et les ont invités à plusieurs reprises à Morehead City.

Une épave est toujours chargée d’affect. Celle d’un sous-marin sans doute encore plus qu’une autre. Allez savoir pourquoi… Pourtant je dois reconnaître que cette silhouette fantomatique et décharnée frappe l’esprit par l’étroitesse et le confinement qu’elle suggère. Bon Dieu, des hommes traversaient l’Atlantique là dedans, parfois des mois sans voir la lumière du jour…Je prends bien garde à ne pas m’aventurer à l’intérieur, véritable souricière piégée d’un sédiment aussi sournois que volatile. Interrogé sur les accidents de plongée dans la région, Bob me surprend plutôt : «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les accidents ne sont pas le fait de plongeurs perdus, agonisants au fond d’une cale sombre ou coincés sous la tôle. La plupart des épaves, à part le U-boat sont larges et permettent aux courants de bien les nettoyer. On ne s’y égare pas trop. Les pépins surviennent surtout quand les gens achètent du matériel qu’ils ne maîtrisent pas, notamment des nouveaux ordinateurs. J’ai souvent vu des types sortir de l’eau bipant à tout va et qui ne comprenaient pas qu’il leur restait encore 5 minutes de palier.»

 

En rentrant au port, l’Olympus passe au large de l’île Shackleford, longue langue de terre inhabitée si ce n’est par quelques centaines de chevaux sauvages. Les dernières études génétiques ont montré qu’ils descendaient directement d’une petite population de chevaux espagnols, rescapés d’un naufrage au XVII siècle et qui avaient nagé jusqu’à la côte. Devant l’île, les eaux perses de la baie de Beaufort recèlent un autre secret. C’est là qu’en juin 1718, l’illustre pirate Barbe-Noire a fait échouer son navire sur un banc de sable, probablement volontairement, avec la sage intention de se retirer des affaires. Les restes du Queen Anne’s Revenge ont été redécouverts en 1996 par 8 m de fond et ont fait depuis lors l’objet de fouilles minutieuses. En Caroline du Nord, anecdotes du passé, mythes, contes et légendes se croisent et s’entremêlent aux récits de plongeurs le soir dans les bars sombres des Outer Banks. Plongeurs amateurs d’Histoire, collectionneurs de ferrailles, passionnés de requins, je vous suggère vivement d’aller vous faire surprendre de ce côté-ci de l’Atlantique. God bless North Carolina …

Christophe Migeon

Remerciements pour leur aide précieuse au bureau de la promotion de la Caroline du Nord ainsi qu’à Robert et George Purifoy de l’Olympus Diving Center.


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