Pourtant quelquefois, je ne vois pas les choses directement par mes yeux mais, grâce à mon appareil photo qui transcende les sujets. Sous l’eau, c’est encore plus vrai car le temps est perturbé : à la fois plus lent mais aussi plus court. Je deviens alors un voyeur par procuration. Un rapporteur à retardement. Une sorte de trait d’union entre la vie d’en bas, sous l’interface liquidienne, et celle d’en haut.

La mer me procure une autre sensation, comme l’umami des Japonais : la cinquième saveur. Celle qui surprend, qui étonne et pourtant que l’on savoure, tout simplement. Pour les amoureux d’impressions fortes et sensuelles, la vision du sable et de la lave accolés fait naître le rêve. Ici, je pratique un tourisme à la fois doux et puissant, complice, contrasté. J’apprécie, tout en nuance, cette belle légende : Il y a très longtemps, alors que l’île était encore inhabitée, deux esprits avaient l’habitude de se battre et de tester leurs pouvoirs. C’étaient les esprits de la Terre et de la Mer. L’esprit de la Mer se servait de ses pouvoirs sur les vagues pour tenter d’emporter petit à petit la Terre. L’esprit de la Terre, mécontent de cette destruction progressive, se servait de ses pouvoirs sur la croissance de la nature pour devenir, au fil du temps, plus grand et plus fort, contrôlant ainsi les pouvoirs des vagues sur la Terre. L’esprit de la Mer fit alors appel aux vents les plus violents pour déraciner les arbres et, à l’aide des vagues, meurtrit la Terre par de violentes tempêtes.

L’esprit de la Terre fut affaibli en voyant les arbres déracinés, les belles plages emportées et les terres disparaître ainsi de plus en plus rapidement. Il se fâcha et, dans sa colère et son désir de vaincre l’esprit de la Mer, explosa de l’intérieur. Sous l’effet de la chaleur et de la pression grandissantes, la Terre vomit pierres et lave, donnant naissance à des montagnes et se déversant au-delà des arbres, sur les plages, dans les eaux, repoussant au loin les vagues. L’intensité de cette réaction fut si grande qu’elle surprit l’esprit de la Terre lui-même. C’est dans le plus grand désespoir que l’esprit du Soleil fut témoin de tout cela. Il pria alors l’esprit de la Terre et l’esprit de la Mer de cesser de se battre, de faire une pause afin de permettre une paix durable au milieu des océans. Après de rudes négociations, un accord fut trouvé et une trêve acceptée par les deux parties. L’esprit du Soleil fut si content qu’il célébra cette paix retrouvée en offrant, à l’esprit du Ciel, un arc-en-ciel multicolore.

Sur l’île de Sal, de la plongée au farniente, du surf à la planche à voile, de la baignade au kite-surf, la mer se décline sur plusieurs formes : une île pour profiter, se reposer, rêver. La mer pour soi tout seul, si l’on veut. La mer lourde de son histoire africaine. La mer de l’aube jusqu’au bout des nuits étoilées. Au Cap-Vert, la mer se conjugue au pluriel. En termes basiques et sans fioriture, l’île est une terre entourée d’eau, définition ordinaire basée sur la simple géographie. Le mot « île » vient du latin insula qui signifie « ensemble de maisons entourées de champs » ! On en est bien loin quelquefois… Car, en plus de ses caractères physiques particuliers, une île est unique en raison de l’ensemble des sentiments que l’on éprouve en l’abordant : isolement, isolant, isolé, isoloir. Une île est le symbole de tout ce qui signifie la séparation. Mais de quoi ? De qui ?

Presque seuls, sur le site de « Chouclass », plateau rocheux détaché du sable, véritable îlot de vie, nous pouvons observer des petites raies et de nombreuses murènes colorées se faufilant entre les blocs de rochers . Une multitude de petites ascidies violettes, endémiques du Cap-Vert, tapissent le fond sableux. Quelques flavellines pondent leurs œufs. Les langoustes ne sortent pas de leur trou alors qu’un grand banc de poissons-chirurgiens semble immobile.

Toujours dans la baie de Santa Maria, « Les trois grottes » sont les repères de nombreux poissons-flûtes et presque autant de poissons-limes ou « bourse écriture » à la forme et à la robe originale. Deux gros nudibranches transparents m’attendent à la sortie, entourés de plusieurs vers de feu. Une demoiselle noire à queue blanche, également endémique de la région détale à ma vue, un peu pressée. Je l’impressionne probablement. J’observe au passage des beaux spécimens de sars-tambours.

Lorsqu’un autre matin, nous désirons plonger à nouveau sur « Chouclass », la bouée a disparu ! Personne ne la volé. Simplement, le courant tellement fort l’a emmené à cinq mètres sous la surface : changement de programme… A « Pontinha », la plongée est plus calme sur un petit surplomb rocheux. Nous apprécions la douceur de ces instants paisibles. « Peridao » aussi est, aujourd’hui, une immersion sans courant où l’on peut encore côtoyer de nombreux rougets, lutjans et gros-yeux. Une très grosse ancre ancienne, posée sur le sable, caractérise cette belle plongée.
A « Fereno », nous passons soixante-quinze minutes par dix-huit mètres de fond à observer toute la faune capverdienne : raies pastenagues, murènes de Java et tachetées, demoiselles noires à queue blanche nudibranches Tambja fantasmalis ou Hypselodoris picta verdensis, langoustes sans oublier les omniprésents gros-yeux, cardinaux et rougets. Une serpentine passe entre mes palmes, en quête de nourriture, sans me calculer. Un vrai régal pour le curieux que je suis.

L’épave du bateau russe « Boris » coulé en 2006 se vautre dans le sable à vingt-neuf mètres sur son tribord. Il transportait des émigrants du Sénégal. Désormais, son mât est entouré de nombreuses oblades qui prélèvent le plancton dans le courant en propulsant leur bouche : marrant. Le bateau est bien conservé. Le bruit de nos bulles dans les cales donne l’impression d’un moteur en marche qui redonne la vie. D’ailleurs, certaines portes qui s’entrouvrent grincent dans le bleu. Un couple de diodons, de taille respectable, tente de s’accoupler parmi les haubans de la mature. Le courant se lève en fin de plongée et nous nous retrouvons au palier, les palmes qui flottent tels des drapeaux, le « Boris » s’éloignant peu à peu…

Quel plaisir après d’attendre le coucher de soleil, les pieds ballants, au bout de la jetée de Santa Maria, tout en se délectant du spectacle de la vie simple : les pêcheurs, les enfants qui crient en sautant dans l’eau, les joueurs de football improvisés, les jeunes filles qui exhibent leurs rondeurs sensuelles aux surfeurs amoureux de leur planche. Tout ici n’est que rires et jeux. Loin d’imaginer que notre planète n’est qu’une parenthèse de l’espace-temps, on perçoit comme un certain ralentissement avec l’horizon en face, comme seul témoin. On se sent bien loin de notre chère vieille Europe accablée de règles et d’interdits, de plus en plus coincée entre le pouvoir d’achat qui diminue et le baril de pétrole qui augmente… La nostalgie est-elle bien là où on le pense. Libre, enfin libre : n’être plus que l’esclave de soi-même. Sodade.

Le Cap-Vert est, pour moi, un court-métrage dans un fondu enchaîné, déchaîné de couleurs, de vents et de vagues, de lumière et d’images naturelles qui défilent avec une virtuosité aussi fluide que feutrée. Le bruissement des alizés caresse mes joues pour s’insinuer en moi. Je ne sais plus si je m’évade encore ainsi mais je vais au moins jusqu’au bout de mes imaginations…

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Un peu de géographie et d'histoire:


Les tortues marines du Cap Vert :


Il existe ici cinq espèces de tortues marines :

• la tortue verte ( Chelonia mydas )
• la tortue imbriquée ( Eretmochelys imbricata )
• la tortue olive de Ridley ( Lepidochelys olivacea )
• la tortue Luth ( Dermochelys coriacea )
• la tortue carette ( Caretta caretta )

A savoir :


A lire :



A goûter :


A essayer :


A voir :

• Les salines de Pedra de Lume.
• La grotte dans la lave de Buracano.
• La piste qui traverse le désert au pied du Monte Grande, au nord de l’île. Pour la balade, il est conseillé de louer un pick-up avec guide éventuel ( Carlos Nunes 989 79 73 ). Compter entre 4 et 5 heures.
• L’île de Boavista ( prévoir une journée ).
• La balade en bateau en fond de verre, pour les non-plongeurs ( Neptunus 999 42 00 ).

Pour les achats :


La plongée :

• Une quinzaine de sites entre 11 et 45 mètres ( Chouclass, l’épave du Boris, les trois grottes… ), à moins de 20 minutes de navigation : 2 départs à 8.30 et 14.00.
• 1 Boston Wailer Outrage 21 ( 10 pax ) équipé d’un moteur de 150 cv et 2 semi-rigides de 6 mètres équipés de moteurs de 75 et 90 cv ( 6/7 pax ).
• Club Scubateam, assuré par DAN Europe, équipé de 40 blocs 12 litres acier Din et Int avec 20 détendeurs compensés, 30 combinaisons homme et femme de 5 mm, 30 gilets réglables, 40 lots de PMT + 2 compresseurs Bauer 36 m3 p/h et 12 m3 p/h.
• Pas de caisson de décompression.

Remerciements :

Toute l’équipe plongée : Christian, Pedro, Eddy, Fabio, Alex.

Photodenfert
6 rue Schoelcher - 75014 Paris
Tél : 01 43 35 14 92
Fax : 01 43 27 77 73
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Web : www.photo-denfert.com

Bubble-Diving
7 place Hubert Dubedout - 38000 Grenoble
Tél/Fax : 04 76 19 09 62
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Web : www.bubble-daylight.com

Pour y aller :

Sport Away Voyages
BP 109 13321 - Marseille Cedex 16
Tél (étranger) : + 33 4 95 06 12 39
Fax : + 33 4 91 46 79 66
E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Web : www.sport-away.com

Voyageurs du Monde
55, rue Sainte-Anne - 75002 Paris
Tél : 0892 23 56 56
Web : www.vdm.com

Blue Lagoon
81, rue Saint-Lazare - 75009 Paris
Tél. : 01 44 63 64 10
Fax. : 01 40 23 01 43
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Web : www.blue-lagoon.fr