Livre: Une autre vision, l'art en dix questions
Au début, la terre était bleue comme une orange, mais aucun regard n’existait et ne pouvait en admirer la beauté. Alors les océans inventèrent les algues. Colorées par un pigment photosensible issu d’archéobactéries, la rhodopsine, les algues ont données ses premières couleurs à la mer. Rhodopsine du grec rhodos, rose, et opsô, le verbe voir au futur. Tu verras la vie en rose, tout un programme. Plusieurs milliards d’années après, ce même pigment pourpre et ses dérivés ont effectivement colonisés notre rétine, nous permettant ainsi de les voir et de les admirer. Les bactéries et les algues cherchent à capter la lumière pour la transformer en énergie et survivre...
La rhodopsine, tapie au fond de nos yeux, nous sert en retour à transformer les photons qui la percutent en signaux électriques permettant à notre cerveau de voir la lumière. Certains animaux nocturnes se contentent de ce type de vision mais pour apprécier la beauté des algues, de la rhodopsine et de la terre entière, la vision des couleurs est nécessaire. Elle est assurée par d’autres pigments rétiniens proches, bleus, verts et rouges chez l’homme. Les femmes, mieux équipées génétiquement pour détecter les verts et les rouges portés par leurs deux chromosomes X, bénéficient parfois de la quadrichromie.
Face à Jean-Paul Courchia, dont la palette révèle la fascination pour la lumière et les couleurs de la Provence et à Henri Eskenazi qui sait capter le regard des algues du fond de son objectif sous-marin, nous faisons pourtant figures de pauvres daltoniens. Laissons-les nous entrainer vers leur monde de lumière, coloniser notre rétine, notre esprit et pigmenter notre existence en parcourant les pages de leur superbe ouvrage.
Préface: Pierre Lemarquis
Informations:
- Titre: une autre vision
- Auteurs: Jean-Paul Courchia & Henri Eskenazi
- Editions: ESCO