Voyage plongée biologie : les anémones et leurs hôtes

Deux jours ont été dédiés à la formation des lycéens sur le thème d’étude (relations anémones-hôtes, identification des espèces, méthodologie de l’observation sous-marine), les quatre jours suivants étant consacrés à la collecte de données d’observation en plongée.
Méthodologie:
Pour l’observation sous-marine, les jeunes plongeurs étaient répartis en binômes, dans le cadre de palanquées de 6 à 8 plongeurs, chaque palanquée étant accompagnée par un guide du centre Easy Diving, et un ou plusieurs encadrants.
A chaque anémone rencontrée, les plongeurs devaient noter sur une ardoise sous-marine l’espèce d’anémone et sa taille, ainsi que le détail de ses habitants (espèces, nombres, tailles). Une fiche plastifiée permettait l’estimation précise des tailles en plongée. En fin de journée, chaque binôme devait transmettre ses données au responsable scientifique qui en assurait la validation (contrôle de vraisemblance, discussion pour s’assurer de la fiabilité des identifications) ; les données qui ne pouvaient être validées de façon certaine n’ont pas été retenues.
Résultats:
Durant les quatre jours d’étude de terrain, les participants ont réalisé 156 observations d’anémones symbiotiques et de leurs hôtes. Huit espèces d’anémones symbiotiques ont été recensée durant cette étude :
Les poissons associés:
Les principaux poissons associés aux anémones sont les poissons-clowns de la famille des Amphiprionidae. Sept espèces ont été rencontrées lors de cette étude :
Le seul autre poisson à être fréquemment associé aux anémones est la demoiselle à trois taches Dascyllus trimaculatus (Pomacentridae). Ont également été recensés dans les anémones quelques Labridae (girelles-paons juvéniles Thalassoma lunare, labre nain à six lignes Pseudocheilinus hexataenia, jeunes Halichoeres cf. hartzfeldii), ainsi que des gobies nains (Eviota pellucida, Gobiidae).
Les crustacés associés:
On rencontre également un certain nombre de crustacés associés aux anémones de mer, en particulier sur les sites à dominante sédimentaire. Lors de l’étude, deux espèces de porcellanes (Anomoures, Porcellanidae) ont été observées :
Il est connu que les poissons-clowns (tout comme les autres espèces hôtes, poissons ou crustacés) s’associent préférentiellement avec certaines espèces d’anémones.
Entacmaea quadricolor (forme solitaire) est l’espèce d’anémone qui accueille la plus grande diversité de poissons-clowns : cinq espèces sur les sept recensées dans l’étude. A l’inverse, seule une espèce de poisson-clown (Amphiprion clarkii) a été vue dans la forme clonale de E. quadricolor, mais ce résultat qui repose sur l’observation de deux colonies d’anémones demande à être confirmé sur un échantillon plus large.
Poisson-clown dominant dans la région, Amphiprion clarkii a été rencontré dans toutes les espèces d’anémones à l’exception de Macrodactyla doreensis (mais seuls 4 spécimens de cette anémone ont été vus). La majorité (83 %) des 24 individus noirs de A. clarkii était associée à l’anémone-tapis Stichodactyla mertensii (les autres à E. quadricolor).
Trois poissons-clowns n’ont été rencontrés que dans une espèce d’anémone : Premnas biaculeatus dans Entacmaea quadricolor (forme solitaire), Amphiprion polymnus dans Stichodactyla haddoni et A. sandaracinos dans S. mertensii. Ces constatations ne reposent cependant que sur un nombre réduit d’observations (une à quatre par espèce). Amphiprion frenatus, en revanche, peut-être considéré comme presque exclusivement associé à la forme solitaire d’Entacmaea quadricolor (92 % des cas, avec seulement une observation dans Heteractis aurora et deux dans H. crispa).

Poisson-clown tomate Amphiprion frenatus associé à l’anémone Entacmaea quadricolor
En général, un individu donné d’anémone n’héberge qu’une seule espèce de poisson-clown. Les observateurs ont cependant relevé sept cas de cohabitation entre Amphiprion clarkii et A. perideraion, et un cas de cohabitation d’un jeune A. perideraion avec un Premnas biaculeatus (mais il est peu probable que ce jeune individu soit toléré à long terme).
Chez Amphiprion frenatus la structure sociale de base semble être le couple ; certains ont cependant été observés seuls (« conjoint » disparu ?), et dans 6 cas sur 39, un jeune individu accompagnait le couple territorial. Premnas biaculeatus a aussi été observé seul ou en couple.
Dans plus de la moitié des observations de A. clarkii, il y avait 3 individus ou plus dans l’anémone (et jusqu’à 10). La proportion est un peu moindre pour A. perideraion (44 %). A. ocellaris est le plus souvent rencontré en trio ou en petit groupe. A. polymnus n’a été observé qu’en groupe (7 et 9 individus pour les deux anémones habitées par cette espèce), avec un couple adulte et une série de jeunes de différentes tailles.
La demoiselle à trois taches (Dascyllus trimaculatus) n’a été vue qu’une fois dans une anémone sans poisson-clown (Macrodactyla doreensis, sur fond de sable). Seuls des jeunes de cette espèce ont été vus associés aux anémones ; ils accompagnent principalement Amphiprion clarkii et A. perideraion, parfois A. frenatus ou A. ocellaris.
La suite du rapport et notamment la comparaison par rapport à une précédente étude menée en avril 2008 dans le parc marin de Bunaken et le détroit de Lembeh (Nord Sulawesi, Indonésie) peut être demandée auprès de l'association Peau Bleue).
Conclusion:
Cette étude réalisée par les lycéens de l’EIG à Negros (ainsi que celle menée par d’autres plongeurs amateurs en Nord Sulawesi en 2008) a permis de quantifier et décrire avec précision la façon dont divers hôtes (poissons-clowns, crustacés…) occupent les différentes espèces d’anémones symbiotiques. Ces données ont mis en évidence un certain nombre de constantes dans les associations anémones-hôtes, mais aussi une certaine variabilité liée en particulier à l’environnement physique plus ou moins sédimentaire.
Ces travaux montrent que des plongeurs non-spécialistes peuvent, s’ils sont convenablement formés et encadrés, collecter des observations d’intérêt scientifique. Ce type de démarche de science participative permet, grâce à l’implication d’un groupe d’amateurs motivés, de développer un effort d’observation important sur une période courte, ce que peu de scientifiques sont en mesure de mettre en oeuvre. Et l’on peut ajouter pour conclure que les observateurs les plus jeunes ne sont pas forcément les moins performants !
AUTEUR:
Maison Anémone : Les anémones de mer et leurs hôtes symbiotiques
Etude réalisée à Zamboanguita et Apo Island (Negros, Philippines) par les élèves de l’École Internationale de Genève du 30 mars au 6 avril 2010 sous la direction scientifique de Patrick Louisy.
INFORMATIONS:
Participants :12 lycéens de 16 à 19 ans (Sara Abdelfattah, Daniel Baz, Mayssa Benchenaa, Maria Bochelyuk, Andrea Caradonna, Sonny Folliot, Jeremy Gardiol, Keline Kanoui, Emilia Purshouse, Jade Sabrier, Tarah Srethwatanakul et Courtney Warren) encadrés par Yohann Thabuis et Valerie Montegut, assistés de Jessica Thabuis et Patrick Pulh.
> Ecolint Diving
Direction scientifique : Patrick Louisy, responsable scientifique de l’association Peau-Bleue.
Hébergement et restauration : Thalatta Beach Resort (direction Patrick Hascoet). Centre de
plongée Easy Diving (dirigé par Raphael Virchaux).
Méthodologie:
Pour l’observation sous-marine, les jeunes plongeurs étaient répartis en binômes, dans le cadre de palanquées de 6 à 8 plongeurs, chaque palanquée étant accompagnée par un guide du centre Easy Diving, et un ou plusieurs encadrants.
A chaque anémone rencontrée, les plongeurs devaient noter sur une ardoise sous-marine l’espèce d’anémone et sa taille, ainsi que le détail de ses habitants (espèces, nombres, tailles). Une fiche plastifiée permettait l’estimation précise des tailles en plongée. En fin de journée, chaque binôme devait transmettre ses données au responsable scientifique qui en assurait la validation (contrôle de vraisemblance, discussion pour s’assurer de la fiabilité des identifications) ; les données qui ne pouvaient être validées de façon certaine n’ont pas été retenues.
Résultats:
Durant les quatre jours d’étude de terrain, les participants ont réalisé 156 observations d’anémones symbiotiques et de leurs hôtes. Huit espèces d’anémones symbiotiques ont été recensée durant cette étude :
- Entacmaea quadricolor (forme solitaire) – anémone tétine – bulb-tentacle sea anemone
- Entacmaea quadricolor (forme clonale, rencontrée en colonies)
- Heteractis aurora – anémone perlée – beaded sea anemone
- Heteractis crispa – anémone cuir – leathery sea anemone
- Heteractis magnifica – anémone magnifique – magnificent sea anemone
- Macrodactyla doreensis – anémone tire-bouchon – corkscrew tentacle sea anemone
- Stichodactyla haddoni – anémone-tapis de sable – Haddon’s carpet anemone
- Stichodactyla mertensii – anémone- tapis de roche – Mertens’ carpet anemone
Les poissons associés:
Les principaux poissons associés aux anémones sont les poissons-clowns de la famille des Amphiprionidae. Sept espèces ont été rencontrées lors de cette étude :
- Amphiprion clarkii – poisson-clown de Clark – Clark’s anemonefish (chez cette espèce, il existe également une forme noire ; la manifestation de cette coloration semble dépendre de l’espèce d’anémone associée)
- Amphiprion frenatus – poisson-clown tomate – tomato anemonefish
- Amphiprion ocellaris – poisson-clown à 3 bandes – false clown anemonefish
- Amphiprion perideraion – poisson-clown rose – pink anemonefish
- Amphiprion polymnus – poisson-clown à selle – saddleback anemonefish
- Amphiprion sandaracinos – poisson-clown orange – orange anemonefish
- Premnas biaculeatus – poisson-clown à épine – spinecheek anemonefish
Le seul autre poisson à être fréquemment associé aux anémones est la demoiselle à trois taches Dascyllus trimaculatus (Pomacentridae). Ont également été recensés dans les anémones quelques Labridae (girelles-paons juvéniles Thalassoma lunare, labre nain à six lignes Pseudocheilinus hexataenia, jeunes Halichoeres cf. hartzfeldii), ainsi que des gobies nains (Eviota pellucida, Gobiidae).
Les crustacés associés:
On rencontre également un certain nombre de crustacés associés aux anémones de mer, en particulier sur les sites à dominante sédimentaire. Lors de l’étude, deux espèces de porcellanes (Anomoures, Porcellanidae) ont été observées :
- Neopetrolisthes oshimai
- Neopetrolisthes maculatus
- Periclimenes brevicarpalis
- Periclimenes holtuisi
- Periclimenes cf. ornatus
- Periclimenes cf.magnificus
- Periclimenes cf. tenuipes
- Periclimenes aff. venustus
- Stenopus hispidus
- Thor amboinensis
Il est connu que les poissons-clowns (tout comme les autres espèces hôtes, poissons ou crustacés) s’associent préférentiellement avec certaines espèces d’anémones.
Entacmaea quadricolor (forme solitaire) est l’espèce d’anémone qui accueille la plus grande diversité de poissons-clowns : cinq espèces sur les sept recensées dans l’étude. A l’inverse, seule une espèce de poisson-clown (Amphiprion clarkii) a été vue dans la forme clonale de E. quadricolor, mais ce résultat qui repose sur l’observation de deux colonies d’anémones demande à être confirmé sur un échantillon plus large.
Poisson-clown dominant dans la région, Amphiprion clarkii a été rencontré dans toutes les espèces d’anémones à l’exception de Macrodactyla doreensis (mais seuls 4 spécimens de cette anémone ont été vus). La majorité (83 %) des 24 individus noirs de A. clarkii était associée à l’anémone-tapis Stichodactyla mertensii (les autres à E. quadricolor).
Trois poissons-clowns n’ont été rencontrés que dans une espèce d’anémone : Premnas biaculeatus dans Entacmaea quadricolor (forme solitaire), Amphiprion polymnus dans Stichodactyla haddoni et A. sandaracinos dans S. mertensii. Ces constatations ne reposent cependant que sur un nombre réduit d’observations (une à quatre par espèce). Amphiprion frenatus, en revanche, peut-être considéré comme presque exclusivement associé à la forme solitaire d’Entacmaea quadricolor (92 % des cas, avec seulement une observation dans Heteractis aurora et deux dans H. crispa).

Poisson-clown tomate Amphiprion frenatus associé à l’anémone Entacmaea quadricolor
En général, un individu donné d’anémone n’héberge qu’une seule espèce de poisson-clown. Les observateurs ont cependant relevé sept cas de cohabitation entre Amphiprion clarkii et A. perideraion, et un cas de cohabitation d’un jeune A. perideraion avec un Premnas biaculeatus (mais il est peu probable que ce jeune individu soit toléré à long terme).
Chez Amphiprion frenatus la structure sociale de base semble être le couple ; certains ont cependant été observés seuls (« conjoint » disparu ?), et dans 6 cas sur 39, un jeune individu accompagnait le couple territorial. Premnas biaculeatus a aussi été observé seul ou en couple.
Dans plus de la moitié des observations de A. clarkii, il y avait 3 individus ou plus dans l’anémone (et jusqu’à 10). La proportion est un peu moindre pour A. perideraion (44 %). A. ocellaris est le plus souvent rencontré en trio ou en petit groupe. A. polymnus n’a été observé qu’en groupe (7 et 9 individus pour les deux anémones habitées par cette espèce), avec un couple adulte et une série de jeunes de différentes tailles.
La demoiselle à trois taches (Dascyllus trimaculatus) n’a été vue qu’une fois dans une anémone sans poisson-clown (Macrodactyla doreensis, sur fond de sable). Seuls des jeunes de cette espèce ont été vus associés aux anémones ; ils accompagnent principalement Amphiprion clarkii et A. perideraion, parfois A. frenatus ou A. ocellaris.
La suite du rapport et notamment la comparaison par rapport à une précédente étude menée en avril 2008 dans le parc marin de Bunaken et le détroit de Lembeh (Nord Sulawesi, Indonésie) peut être demandée auprès de l'association Peau Bleue).
Conclusion:
Cette étude réalisée par les lycéens de l’EIG à Negros (ainsi que celle menée par d’autres plongeurs amateurs en Nord Sulawesi en 2008) a permis de quantifier et décrire avec précision la façon dont divers hôtes (poissons-clowns, crustacés…) occupent les différentes espèces d’anémones symbiotiques. Ces données ont mis en évidence un certain nombre de constantes dans les associations anémones-hôtes, mais aussi une certaine variabilité liée en particulier à l’environnement physique plus ou moins sédimentaire.
Ces travaux montrent que des plongeurs non-spécialistes peuvent, s’ils sont convenablement formés et encadrés, collecter des observations d’intérêt scientifique. Ce type de démarche de science participative permet, grâce à l’implication d’un groupe d’amateurs motivés, de développer un effort d’observation important sur une période courte, ce que peu de scientifiques sont en mesure de mettre en oeuvre. Et l’on peut ajouter pour conclure que les observateurs les plus jeunes ne sont pas forcément les moins performants !
AUTEUR:
- Louisy P., 2010. Maison Anémone : les anémones de mer et leurs hôtes symbiotiques - Etude réalisée à Zamboanguita et Apo Island (Negros, Philippines).
- Rapport préliminaire, association Peau-Bleue, 12 p.
Maison Anémone : Les anémones de mer et leurs hôtes symbiotiques
Etude réalisée à Zamboanguita et Apo Island (Negros, Philippines) par les élèves de l’École Internationale de Genève du 30 mars au 6 avril 2010 sous la direction scientifique de Patrick Louisy.
INFORMATIONS:
Participants :12 lycéens de 16 à 19 ans (Sara Abdelfattah, Daniel Baz, Mayssa Benchenaa, Maria Bochelyuk, Andrea Caradonna, Sonny Folliot, Jeremy Gardiol, Keline Kanoui, Emilia Purshouse, Jade Sabrier, Tarah Srethwatanakul et Courtney Warren) encadrés par Yohann Thabuis et Valerie Montegut, assistés de Jessica Thabuis et Patrick Pulh.
> Ecolint Diving
Direction scientifique : Patrick Louisy, responsable scientifique de l’association Peau-Bleue.
Hébergement et restauration : Thalatta Beach Resort (direction Patrick Hascoet). Centre de
plongée Easy Diving (dirigé par Raphael Virchaux).