Projet de plongée à l'aplomb des coulées
Alain Barrère et Jean-Michel Bou portent le projet de plonger sous les eaux de l’océan Indien rendues bouillantes par les coulées de lave depuis plusieurs jours. Il s’agit là des mêmes hommes qui avaient observé et ramené des images inédites en août 2004 de la formation de pillow-lava au large de Sainte-Rose. Une première en France. Aujourd’hui, l’objectif reste le même : nourrir la connaissance. La faisabilité de cette aventure, très risquée, est pour l’instant soumise à bon nombre de paramètres. Mais, l’équipe y croit...
Août 2004...
La Fournaise crache. Au large de Sainte-Rose, les langues de feu pénètrent dans la mer et forment des laves en cousins (pillow-lava) à 40 m de profondeur. Un phénomène qui nécessite la conjonction d’une série de paramètres bien particuliers : le type de coulée dit pahoélé, l’écoulement en tunnels de lave en leur for intérieur, une durée assez longue de l’éruption, le dégazage au niveau de la fissure éruptive, la grande fluidité de la lave, une pente sous-marine assez forte et profonde... Le phénomène n’avait jusque-là jamais été observé sous les flots français. Alain Barrère, conseiller scientifique de la maison du volcan et membre de l’association Centre de diffusion du volcanisme, en partenariat avec un cinéaste sous-marin, Jean-Michel Bou, et Jean-Pascal Quod de l’Arvam bravent les dangers d’une rencontre entre le feu et l’eau. Ils sont munis des autorisations ad hoc et indispensables des autorités, un périmètre de sécurité maritime étant mis en place.
“C’était une plongée exceptionnelle demandant une préparation minutieuse”, s’exclame Alain Barrère encore aujourd’hui. Jean-Michel Bou, le cinéaste ancien scaphandrier professionnel, renchérit : “C’est un moment à part dans la vie d’un plongeur, mais c’est aussi très risqué. Je dirais qu’elle est proche de la spéléo, où point de départ et de retour se confondent. On ne peut se permettre de faire surface n’importe où à cause des gaz, des vagues qui peuvent nous porter sur la lave... La plateforme qui s’était formée risquait de s’effondrer à cause des coups de butoir de la houle. Sans compter les courants gazeux s’échappant des laves en cousins, et pouvant nous entraîner, les explosions sous-marines du basalte en fusion...”
Des images hors du commun
Il poursuit : “L’eau en surface, à 300 m du bord, atteignait environ les 33 degrés. À l’aplomb de la coulée, la température se situait autour des 70 degrés. Il nous a fallu attendre deux jours et deux nuits avant de plonger pour la première fois afin de bénéficier des conditions requises : une eau assez claire pour filmer, des conditions de mer calme...” Une fois celles-ci réunies, l’aventure sous-marine, unique en son genre en France, a pu avoir lieu. Jean-Michel poursuit : “La première chose, ce sont les crépitements, les explosions que l’on entend. À 5 m ou 6 m de profondeur, l’eau est très chargée, verdâtre. On ne voit rien. Ce n’est que vers 10 m de profondeur que laves deviennent visibles” Au final, les quatre plongées de 2004, à quelques mètres de la lave, ont permis de remonter des images exceptionnelles. Et pour cause, un tel phénomène n’a été que rarement observé, et ce surtout aux îles Hawaï ou sur la dorsale médio-atlantique. Aujourd’hui, les auteurs de cette grande première française veulent remettre ça.
Alain Barrère souligne : “La très forte activité sismique, le risque d’effondrement du sommet rendent la plongée impossible actuellement, mais pas dans les jours à venir”. En somme, il faut que la colère du volcan décroisse, mais que l’éruption se poursuive. L’intérêt étant “de filmer cette nouvelle rencontre entre les deux éléments, d’autant plus que les coulées actuelles sont dites en grattons, il n’y a pas de tunnels de lave à l’intérieur des coulées”. Différentes causes provoquant différentes conséquences, un autre phénomène volcanologique serait ainsi fixé sur film, de nouvelles images inédites seraient ainsi à la portée des scientifiques et du grand public. Alain Barrère a fait une demande auprès des autorités mardi dernier, car un arrêté préfectoral interdit, afin d’éviter toute imprudence, la navigation et la pratique de toute activité nautique et subaquatique sur un périmètre de 900 m du Nord au Sud des coulés et sur 600 m entre la côte et le large. La requête est en cours d’examen, confirme-t-on du côté de la préfecture. Une fois, ces autorisations et les conditions réunies (poursuite des coulées, faible houle, visibilité, sécurité...), beaucoup de “si”, l’équipe est fin prête à plonger .
Bruno Graignic
Source: CLICANOO
La Fournaise crache. Au large de Sainte-Rose, les langues de feu pénètrent dans la mer et forment des laves en cousins (pillow-lava) à 40 m de profondeur. Un phénomène qui nécessite la conjonction d’une série de paramètres bien particuliers : le type de coulée dit pahoélé, l’écoulement en tunnels de lave en leur for intérieur, une durée assez longue de l’éruption, le dégazage au niveau de la fissure éruptive, la grande fluidité de la lave, une pente sous-marine assez forte et profonde... Le phénomène n’avait jusque-là jamais été observé sous les flots français. Alain Barrère, conseiller scientifique de la maison du volcan et membre de l’association Centre de diffusion du volcanisme, en partenariat avec un cinéaste sous-marin, Jean-Michel Bou, et Jean-Pascal Quod de l’Arvam bravent les dangers d’une rencontre entre le feu et l’eau. Ils sont munis des autorisations ad hoc et indispensables des autorités, un périmètre de sécurité maritime étant mis en place.
“C’était une plongée exceptionnelle demandant une préparation minutieuse”, s’exclame Alain Barrère encore aujourd’hui. Jean-Michel Bou, le cinéaste ancien scaphandrier professionnel, renchérit : “C’est un moment à part dans la vie d’un plongeur, mais c’est aussi très risqué. Je dirais qu’elle est proche de la spéléo, où point de départ et de retour se confondent. On ne peut se permettre de faire surface n’importe où à cause des gaz, des vagues qui peuvent nous porter sur la lave... La plateforme qui s’était formée risquait de s’effondrer à cause des coups de butoir de la houle. Sans compter les courants gazeux s’échappant des laves en cousins, et pouvant nous entraîner, les explosions sous-marines du basalte en fusion...”
Des images hors du commun
Il poursuit : “L’eau en surface, à 300 m du bord, atteignait environ les 33 degrés. À l’aplomb de la coulée, la température se situait autour des 70 degrés. Il nous a fallu attendre deux jours et deux nuits avant de plonger pour la première fois afin de bénéficier des conditions requises : une eau assez claire pour filmer, des conditions de mer calme...” Une fois celles-ci réunies, l’aventure sous-marine, unique en son genre en France, a pu avoir lieu. Jean-Michel poursuit : “La première chose, ce sont les crépitements, les explosions que l’on entend. À 5 m ou 6 m de profondeur, l’eau est très chargée, verdâtre. On ne voit rien. Ce n’est que vers 10 m de profondeur que laves deviennent visibles” Au final, les quatre plongées de 2004, à quelques mètres de la lave, ont permis de remonter des images exceptionnelles. Et pour cause, un tel phénomène n’a été que rarement observé, et ce surtout aux îles Hawaï ou sur la dorsale médio-atlantique. Aujourd’hui, les auteurs de cette grande première française veulent remettre ça.
Alain Barrère souligne : “La très forte activité sismique, le risque d’effondrement du sommet rendent la plongée impossible actuellement, mais pas dans les jours à venir”. En somme, il faut que la colère du volcan décroisse, mais que l’éruption se poursuive. L’intérêt étant “de filmer cette nouvelle rencontre entre les deux éléments, d’autant plus que les coulées actuelles sont dites en grattons, il n’y a pas de tunnels de lave à l’intérieur des coulées”. Différentes causes provoquant différentes conséquences, un autre phénomène volcanologique serait ainsi fixé sur film, de nouvelles images inédites seraient ainsi à la portée des scientifiques et du grand public. Alain Barrère a fait une demande auprès des autorités mardi dernier, car un arrêté préfectoral interdit, afin d’éviter toute imprudence, la navigation et la pratique de toute activité nautique et subaquatique sur un périmètre de 900 m du Nord au Sud des coulés et sur 600 m entre la côte et le large. La requête est en cours d’examen, confirme-t-on du côté de la préfecture. Une fois, ces autorisations et les conditions réunies (poursuite des coulées, faible houle, visibilité, sécurité...), beaucoup de “si”, l’équipe est fin prête à plonger .
Bruno Graignic
Source: CLICANOO