Des poteaux d’électricité pour récifs coralliens
Voilà un projet bien innovant pour notre littoral réunionnais ! Né en ce début d’année sous l’égide du Comité des Pêches de La Réunion, d’EDF et de la Ville du Port, le projet Corail Réunion vise la colonisation de récifs artificiels sur le littoral portois, et à terme, sur les littoraux sableux de l’île.
Certes, béton ne rime pas avec récif corallien. L’artifice n’en est pas moins écologique. A terme, ces récifs artificiels attireront des organismes marins, des poissons, mais aussi des plongeurs et des pêcheurs qui devraient, eux, y trouver leur compte. Ce n’est là encore qu’une expérience. Pas de quoi s’emballer, dirons les plus sceptiques. Pourtant, nous ne pourrions que profiter d’un tel projet. Nos côtes réunionnaises les plus sableuses accueillent peu de poissons, qui préfèrent les zones les plus abritées. Ainsi, Corail Réunion expérimente un procédé simple de premier abord, à base de poteaux d’électricité recyclés. Vous avez du mal à comprendre, alors allez sur le site de Corail Réunion et découvrez que d’un rien, on peut faire une grande chose. La fabrication des hexapodes nécessaires pour la création de récifs artificiels sur le littoral portois requiert de la main d’œuvre. Si l’étude de faisabilité amène la certitude de la viabilité du projet, on pourrait sûrement envisager un dispositif d’insertion professionnelle pour les jeunes Réunionnais au prise avec le chômage. Pour l’heure, le projet doit répondre à des exigences, autant en termes de potentialités écologiques, de la possibilité de fabriquer les ensembles en série, la facilité d’immersion des hexapodes, mais aussi de leurs solidités face à la houle. Les scientifiques sont à pied d’œuvre pour tester, à terre, tous ces paramètres, avant de réaliser les premières immersions.
Une opportunité de recherche
Ces récifs artificiels offrent des abris aux poissons et jouent aussi un rôle de dispositif concentrateur de poissons, les scientifiques ayant relevé que cela les attirent. Si les baies de Saint-Paul et de La Possession sont particulièrement adaptées à ce dispositif, plusieurs communes côtières s’empressent de voir les résultats de cette initiative. Saint-Pierre, Saint-Leu, l’Etang-Salé sont demandeurs, et par là même, les amateurs de plongée et de pêche y trouveront des lieux de prédilection pour s’adonner à leur passion. L’Université de La Réunion sera intégrée à ce programme. Après cette phase expérimentale, les initiateurs souhaitent établir un réseau de récifs artificiels à l’eau. Le suivi scientifique sera assuré par des labos de recherches. Peut-être qu’une thèse naîtra autour de ce projet innovant, notamment autour du plan de gestion de ces récifs artificiels. Il ne faudrait pas en effet que cela se fasse dans le plus grand gaspillage. On connaît comment peuvent se conduire des pêcheurs occasionnels peu scrupuleux. Mais bon, on n’en est pas encore là. Pour l’heure, on fabrique les prototypes et on vérifie la pertinence des matériaux choisis. L’étude de faisabilité affiche un coût avoisinant les 30.000 euros. Polyp, la mascotte de Corail Réunion, attend que le projet aille à l’eau - c’est le paradoxe dans cette affaire. Peut-être que cela donnera une nouvelle vie à nos fonds marins. Affaire à suivre...
Article paru dans Témoignages.re