Maisons sous la mer de l'équipe Cousteau

Les maisons sous la mer de l'équipe Cousteau, c'était il y a 50 ans... Le 17 septembre 1965, les pionniers de l’exploration sous‐marine de l’équipe Cousteau débutaient une expérience unique au monde : vivre un mois à 100 mètres de profondeur, dans les eaux obscures et froides, avec pour seul refuge la sphère de Précontinent 3. Le 19 septembre 2015, cinquante ans après, les Océanautes racontent l’épisode le plus marquant de leur existence...

L’ Historique :

L’expérience Précontinent 3 (EP3) est le point d’orgue des expériences de maisons sous la mer menées par Jacques‐Yves Cousteau et son équipe au début des années 60. A cette époque, Cousteau, qui a consacré 20 ans de sa vie à la pénétration du monde sous‐marin, est au plus fort d’une action de visionnaire et de défricheur.

La conquête spatiale bat son plein, les projets technologiques les plus fous germent dans les esprits d’ingénieurs audacieux. En 1962, porté par l’élan de sa soucoupe plongeante, Cousteau rêve à des villes sous‐marines, à l’homme‐Neptune, au « cybernaute », à « homo aquaticus » auquel on pourra un jour greffer des branchies. Lui et son équipe réalisent 3 expériences de maison sous la mer :

• EP 1 : Du 14 au 21 septembre 1962, au Frioul, près de Marseille, la première maison sous la mer, un gros cylindre lesté surnommé Diogène, est immergée à ‐10 mètres de profondeur et permet à deux hommes, pendant huit jours, d’y séjourner et d’effectuer des plongées quotidiennes à ‐25 mètres.
• EP 2 : Du 15 juin au 14 juillet 1963, sur le récif de Shab Rumi près de Port Soudan en mer Rouge. Une base sous‐marine, constituée d’une maison centrale installée à ‐11 mètres, à proximité d’un hangar immergé pour garer et reconditionner la soucoupe plongeante, d’une seconde maison installée à ‐26 mètres, d’un garage pour le matériel annexe et de plusieurs abris à requins à ‐50 mètres le long du tombant, permet à 7 hommes, respirant un mélange gazeux constitué de 96 % d’hélium et de 4 % d’oxygène, de vivre un mois d’une authentique vie d’océanaute.
• EP 3 : Du 17 septembre au 17 octobre 1965, au large de Saint‐Jean‐Cap‐Ferrat, 6 hommes vivent dans une maison sphérique à ‐ 100 mètres, respirent un mélange gazeux constitué de 98 % d’hélium et de 2 % d’oxygène, et travaillent quotidiennement à ‐120 mètres sur une tête de puits factice.

   

Ces expériences constituent un feuilleton ambitieux et lyrique de l’exploration des profondeurs, où les ingénieurs mettaient en acte les fictions de Jules Verne. Jacques‐Yves Cousteau, génial rassembleur et catalyseur d’énergie, avait su rassembler autour de lui une équipe de pionniers astucieux et passionnés qui carburait au rêve. Bien avant de devenir les pionniers de l’écologie et de la protection des océans, cette équipe a fait faire des bonds fantastiques en matière de techniques et de matériels de plongée, de sous‐marins d’exploration, de caméras étanches, d’éclairages amphibies, de télévision immergée, de téléphonie subaquatique, avancées techniques qui ont précipité l’archéologie sous‐marine, la spéléologie subaquatique, fait progresser de manière irréversible la médecine hyperbare, l’océanographie, le cinéma, la photographie et la télévision sous la mer.

L’ Héritage :

Si ces maisons sous la mer ont rapidement montré leurs limites techniques et économiques, disparaissant au profit de caisson hyperbares de surface et de tourelles ascenseurs, elles ont indubitablement permis des pas de géant dans la connaissance de la physiologie humaine et la plongée à saturation aux mélanges gazeux, qui sera développée jusqu’à ses plus profonds retranchements par des sociétés spécialisées comme la COMEX d’Henri Delauze, lui‐même ancien de l’équipe Cousteau. Le concept des maisons sous la mer donnera naissance, dans une version motorisée et autonome de la maison, au sous‐marin Argyronète, lancé par l’équipe Cousteau et finalisé sous le nom de SAGA par la COMEX.

Les témoins :

Les pionniers des Expériences Précontinent sont encore là, cinquante ans après, pour témoigner de cette aventure humaine exceptionnelle. Ils se nomment Claude Wesly, André Laban, Christian Bonnici, Raymond Coll, Yves Omer... Ce sont les Neil Armstrong et Buzz Aldrin de la conquête sous‐marine. Ils sont français, et nous sommes fiers de leur redonner la parole, dans cette ville de Marseille, berceau de la plongée mondiale.

La soirée Conférence qui s'est déroulée à la Base Nautique du Roucas Blanc proposait les animations suivantes:

• Table ronde (Sandrine Zaegel, Franck Machu, Marc Langleur) et prise de vue de Erwan Savin.
• Extraits de films, photos, issues des archives des témoins, et des archives de The Cousteau Society (avec son aimable autorisation)
• Exposition de photos et maquettes